Fiche d’état civil

De mon passé de tireuse à l'arc et de pompom-girl, j'ai gardé un corps relativement athlétique, l'age a bien sûr eu son effet dessus et ma grossesse n'a pas arrangé les choses, mais je peux être fière de ce que je suis devenue et de ce qui reste au moins! Avec mon 1 mètre 82 pour 76 kilos, autant le dire, je dépasse la majorité des femmes d'une demie-tête, quasiment. Petite, j'aimais me teindre les cheveux, je complexais beaucoup sur ma tignasse chatain-roux, mais comme on dit, la sagesse vient avec le temps et la bêtise est plus supportable, surtout quand on a un cerveau qui fait envier les plus ignorants! Il n'y a pas que ça de particulier chez moi, en plus de ma "grande intelligence", ma grande bouche, et ma dépendance à la sucrerie, j'ai aussi une hétérochromie au niveau des yeux, plus communément appelé "hazel", un mélange de pigmentation vert et marron.

J'ai eu ma période gothique. Non vraiment, je ne me moque pas de vous! J'ai bel et bien eu une partie de ma jeunesse consacrée au glauque et au mystère! Je portais du noir, mais surtout du orange. J'aime le orange, elle peut vous agresser les yeux comme vous apaiser. Il y a beaucoup de choses qui sont orangés, en plus, ça rappelle Halloween, une de mes fêtes préférées. Mes parents n'ont pas apprécié que je tombe ainsi en désuétude, un esprit aussi brillant que le mien ne pouvait s'attarder ainsi sur des choses aussi futiles. Pour toute réponse, je me suis faite faire un tatouage dans le dos. Oui, je n'ai jamais aimé les réponses claires et nettes, et ma relation avec ma famille était plutot chaotique, heureusement pour eux, je me suis rattrapée plus tard: j'ai intégré la NASA. Evidemment, lorsque la foule est devenue complètement barge, j'en ai pris pour mon grade. Fini les bikinis et les mini-tops avec cette vilaine cicatrice sur ma hanche droite!

A part en blouse ou en combinaison anti-contamination, on me voit rarement en tenue "civilisée", mais ça, c'est parce que je n'ai pas envie qu'on me voie autrement. En vérité, une fois que les gens ont le dos tourné, je me retrousse les manches et je me mets en pantoufles... Quoi? Vous ne pensiez tout de même pas que je marchais toute la journée en chaussures à talons aiguilles? Vous savez à quel point c'est encombrant et douloureux? Les pantoufles, c'est mieux, surtout entourée de chats. Bien entendu, je ne fais pas la tête aux robes, je préfère néanmoins les pantalons, le confort avant tout.

Dans la vie, il y a les fous qui se croient tout permis, et ceux qui prennent les opportunités qui viennent pour s'enrichir. Je fais partie de ces derniers. Si je pouvais résumer ma vie, je dirais qu'elle est entièrement consacrée à l'apprentissage, l'acquisition de Savoir, mais surtout à préserver notre espèce. Voir ces larves s'approprier nos corps sans penser une seule fois à notre conscience m'énerve mais en soit, nous qui nous approprions les biens de cette planète sommes pareils non? Du moins, l'Humanité en général, je ne me sens pas incluse dans cette industrialisation en masse.

Bien entendu, je suis à 200% avec les Symbiontes, même si mon corps et mon esprit ne sont pas compatibles avec eux, je trouve leurs principes louables, et puis ils ne sont pas si gênants que ça, question taille j'entends. En plus, ils pourraient m'apporter plus de connaissance sur la Vie et dans d'autres domaines.

Les Humanistes par contre, je m'en méfie. Ces types sont du même gabarit que les militaires: donnez leur une arme et ils tirent sur tout et n'importe quoi! Vous voulez les avoir dans le gouvernement vous? Pas moi, j'ai assez donné question mauvaise surprise!

Pour l'heure, ma vie est assez tranquille. On ne me pose pas de questions, je ne pose pas de questions, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes! Tant qu'on me fiche la paix, moi et mes chats, et qu'on me donne ce dont j'ai besoin pour améliorer mes connaissances, je ne vais pas me plaindre. Est ce que les Impériaux me font peur? Non. Est ce que j'ai peur des Humanistes? Ces prétentieux ne valent même pas la peine d'y penser. Est ce que j'ai peur de la Mort? Ah, je dois bien avouer que ça m'embêterait d'y passer maintenant, mais dans un sens, qui ça enquiquinera vraiment? Moi ou ceux qui ont besoin de mes connaissances? Impériaux comme Symbiontes ont autant besoin de moi qu'en avait besoin les Hommes avant eux. A eux de voir s'ils veulent se coller une balle dans le pied!

Je n'ai jamais considéré cela comme un don à vrai dire, mais si les autres le pensent alors... c'est que ce doit être vrai? Mon système immunitaire est plus développé que la moyenne. Bien entendu, il n'est pas capable de combattre les radiations ou le cancer, il y a des maladies qui ont besoin d'une aide extérieure, mais en ce qui concerne les parasites, c'est autre chose! Beaucoup supposent que c'est d'ailleurs à cause de ce don que la compatibilité entre moi et les Sonaaqs est inexistante. Pour ma part je pense que pour chaque problème, il existe un ou des individus qui ne peuvent être atteints, nous l'avons bien vu lors de l'épidémie.
(Niveau 1: résistance parasitaire)

Petite déjà je me savais différente des autres enfants. Je n'avais personne avec qui jouer, on me disait bizarre, moi et mes livres de sciences. Quand la maîtresse nous demandait de dessiner ce qui notre plus épouvantable cauchemar, je peignais un point d'interrogation, quand c'était notre plus beau rêve, alors un atome. Inhabituel chez une enfant de 6 ans, en même temps, avec un grand-père astrophysicien, il est normal que mes nuits soient bercées par les exponentielles et les Lois de Newton. Mes parents étaient bien trop occupés par leur travail pour penser à moi, c'est ainsi que Bobby Junior Williams m'a pris sous son aile, lui et son gros bouledogue baveux. Je préférais les chats pour ma part, et les biches. Étrangement, ils m'ont toujours fasciné, les chevreuils, les cerfs, il y avait une grâce, une beauté chez eux que je cherchais tout le temps à avoir.

Les cadeaux que l'on m'offrait aussi était surprenant, un ordinateur, un dictionnaire, des énigmes en mathématiques... Une fois, j'ai eu droit à un séjour dans un centre d'aéronautique aussi, c'est là que je me suis rendue compte que l'on acceptait enfin qui j'étais. On me donnait des défis, des connaissances utiles et intéressantes, pas de banales soustractions! Cela n'a guère plus à mes parents cependant, à vrai dire, ce n'est qu'à partir de mes 12 ans que j'ai vraiment appris à les connaitre. Dommage pour eux, j'étais déjà loin au-delà de tout ça, l'attachement social ne m'intéressait plus, seul le défi d'apprendre jusqu'à en avoir mon cerveau éclaté! J'ai pourtant bien essayé de leur faire plaisir en intégrant un club de tir à l'arc, moins lassant que la danse et plus excitant car demandeur de calcul de visée. Il n'y avait que lors des vacances que je tolérais la présence humaine, c'était chez mon grand-père que je vivais ces périodes après tout, lui et ses calculs, lui et son piano. Vous ai-je dit comment Bobby a découvert que j'avais un QI surpassant de loin la moyenne? Fan du langage Solresol, je m'amusais à en créer un autre, plus complexe, plus mélodieux, incorporant des facteurs scientifiques en plus, ainsi même les plus grandes symphonies de Chopin ou Mozart pouvaient avoir du sens linguistique.

Quand j'ai eu mon doctorat en astrophysique, le chien de papy venait de décéder. Je pense que c'est l'une des rares fois où j'ai pleuré, à partir de ce moment-là, j'ai cessé de croire en Dieu et travailler à cette date. Un comportement stupide, je dois l'avouer, mais j'aimais tellement ce chien... Et mes parents ne l'aimaient pas du tout. Une façon pour moi de me braquer contre leur soi-disant affection je dirais. Bobby me disait qu'il était juste parti en promenade, mais qu'il s'était perdu, une façon gentille de parler du décès mais j'avais alors 25 ans, j'avais bien compris ce qu'il se passait. J'ai finalement quitté le foyer familial pour rejoindre mon grand-père. Un CV déjà lourd, mais sans emploi, la banque commençait déjà à m'enquiquiner à propos de mon prêt étudiant mais je m'en fichais, avec Bobby, je rencontrais d'autres Génies en sciences et ingénierie, dont une femme avec qui le courant passa sans aucun problème, on était faite pour s'entendre! Pour tuer l'ennui, je participais à divers concours d'inventions, misant essentiellement sur l'automatisme programmée par langage musicale, mon dada. Finalement, la NASA m'a envoyé une lettre, une invitation par le patron lui même, je n'avais alors que 26 ans, pour moi, c'était un grand pas en avant. Bien entendu, je ne suis pas venue les mains vides, mais mon projet fut classé top-secret dés mon arrivée, je ne peux donc pas en parler davantage.

En fin de journée, je signai un contrat à vie au service de la NASA, mais cela comportait aussi d'autres sociétés en collaboration, au moins, mon prêt était payé. Sans m'en rendre compte, mon travail devenait chronophage, j'étais tant absorbée que je n'en quittais plus le centre. Jusqu'à ce que mon père m'envoie un message, le premier sincère de sa part:

"Bobby a rejoint Rex."

Une fois de plus, quelqu'un s'était perdu en ballade. Pour moi, c'était un monde entier qui s'effondrait, mes repères, mon point d'accroche, c'est fou ce que ce vieux fou pouvait avoir autant d'importance à mes yeux! On m'avait offert un mois de congé, mais à vrai dire, je m'en fichais, ce qui m'importait était l'enterrement de mon grand-père, et puis la gestion de sa maison aussi, et de tout ce qu'il avait laissé derrière lui. Croyez-le ou non mais c'est comme ça que j'ai donné plus d'importance à ce qui m'entourait, les gens, leurs regards, et c'est comme ça que j'ai découvert Allan. Un de mes assistants, raide dingue de moi, moi une bourreau du travail glaciale, décidément je ne suis entourée que de fous! Nous ne voulions pas nous embarrasser avec un mariage, nos recherches étaient le plus importants et cela nécessitait une liberté de mouvements optimale. Je suis tout de même tombée enceinte il y a 19 ans...

On a gardé le bébé, pour nous, c'était un nouveau défi à surmonter. Et oui, on a même calculé la vie de notre fils! Plus complexe qu'un théorème, mais c'était notre façon à nous de vivre. C'est ainsi que Stiles Bobby Williams est entré dans la famille, aussi braillard que sa mère! Malgré son environnement essentiellement tourné vers l'astrophysique, la biologie et autres sciences, il ne se montrait pas intéressé par cela, pour lui, le plus amusant c'était les animaux. Alors qu'il savait à peine marché sans tomber, notre maison était déjà pleine de chats, nous avions même adopter un petit faon, ce qui avait été mon rêve depuis toujours. Malheureusement, ma vie avec Allan a commencé à déraper pour finalement couper court quand la NASA eut besoin de ses connaissances dans l'espace, me laissant seule à élever notre petit garçon. Avec Capucine en bonne biche-nounou, ce ne fut pas bien compliqué, ces deux-là s'adoraient! Et même adolescent, il ne s'en lassait pas, un vrai petit Tarzan. On a finalement déménagé en France, suite à ma mutation au CNES.

Et puis il y a eu 2013, année où le Premier Contact se fit. J'étais aux premières loges sur un site considéré comme apte pour cette occasion. Il y avait même la fille de ma collègue astrophysicienne, son portrait craché. Comme elle, je fus fascinée par les êtres venus sur notre planète, je pus même les découvrir plus en détail plus tard, quand les échanges furent autorisés et jugés comme sûrs. Quand j'appris que l'on pouvait se proposer pour une symbiose avec ces créatures, je n'ai pas hésité à sauter sur l'occasion, bien que cela ne plaisait guère à Georges, mon nouvel assistant.

Cela n'a... pas fonctionné. Pourtant au début tout s'était bien passé, certes, l'introduction fut un peu violente à mon gout, mais les hormones sécrétés ont bien commencé à m'apaiser. Au bout de quelques heures, je m'étais plainte de démangeaisons avant de faire une crise d'épilepsie, ce qui ne m'était jamais arrivée. Le Sonaaq me fut retiré avant que je n'en refasse une, après examen, il s'est avéré que ce n'était pas moi qui avait eu une crise mais bien mon ex-colocataire, ce qui était normalement impossible. N'en démordant pas l'affaire, j'ai refait une demande, nouvel échec. A la troisième tentative, j'ai tenté le coup en ne disant rien, conseillant à mon partenaire parasite symbiotique de prendre un traitement pour empêcher le rejet. Cela fonctionnait bien pour les greffes d'organes, ça devait marcher pour ça aussi non? Grave erreur de ma part, le rejet manqua de nous tuer tout les deux tant les effets furent virulents. Après cela, l'hypothèse que le problème venait de chez moi fut soulevé, puis approuvé. J'étais définitivement considérée comme incompatible à la symbiose avec un Sonaaq, quelque soit l'individu, marqué en gros sur mon dossier. Ce n'était pas bien grave en soit, j'avais assez d'informations et d'accès à ces dernières pour combler ma vie! Du moins, s'il n'y avait pas ce petit plaisantin et son virus libéré dans l'air...

En voyant l'anarchie se propager un peu partout, j'ai préféré m'enfermer dans mon centre de travail , au CNES en France, avec mes assistants, quelques stagiaires et deux-trois militaires. Stiles avait su se mettre à l'abri avec Capucine et les chats. J'ai pu garder contact avec des Symbiontes mais bien vite, tout matériel électrique cessa de fonctionner, nous coupant du reste du monde. Débrouillards, on a pu passer outre ce problème grâce à l'énergie hydraulique et un bête vélo d'appartement, on découvrit alors que tout nos logiciels et Internet ne fonctionnaient plus. Là encore, on a su se débrouiller, et c'est probablement ce qui a manqué de nous faire tuer. Des vandales, de vulgaires pillards, sans doute la lumière des fenêtres les ont-ils fait rappliquer, en tout cas, ils n'étaient pas là pour nous saluer puis repartir. Ça a dû leur faire drôle de voir qu'on était prêt à se battre, assez pour qu'un de ces rustres m'enfonce ce qui lui servait d'arme dans le ventre, un peu plus haut et c'était le foie, mais non, bête comme un manche à balai! Faute d'aiguille et de fil, on m'a désinfecté à l'alcool puis cautérisé au fer à souder, oui, j'ai douillé.

Pour en rajouter un peu plus à notre poisse, ces gueux n'ont pas refermé les portes sécurisées de l'entrée, nous contaminant presque tous avec le virus. Personne n'osait en parler mais on le savait tous, on était foutu. Enfin sauf Georges, à croire que ses origines amérindiennes l'ont préservé de cette saloperie! Quand les Impériaux ont débarqué, la moitié d'entre nous étaient déjà dans l'au-delà et je ne pouvais plus voir ni sentir la chaleur humaine. Grâce aux radios pirates, et à mes contacts retrouvés, je savais ce qu'il se passait dehors, ce n'était pas des humains qui venaient nous chercher mais ceux qu'on nommait "Impériaux", et ils n'étaient pas là par hasard: ils avaient besoin de nous. Pas froid aux yeux, j'ai exigé à ce qu'on m'emmène avec mon fils, sinon ils pouvaient se débrouiller sans nous. Un défi risqué mais qui a su payer: on a été transporté tous ensemble à leur QG une fois soignés. Là, on m'interrogea, ce qui n'est guère étonnant, ils avaient mon dossier. Je leur ai dit ce qu'ils voulaient entendre, que j'étais soulagée de les voir là pour s'occuper de ceux en qui j'avais tant confiance et qui nous avait trahi. En retour, j'appris qu'Allan était mort, faute d'oxygène et de réparation de la station, le satellite où il se trouvait s'était dégradé, causant la perte de l'équipage. D'un coté, j'étais rassurée, sinon il aurait été scandalisé par ce que j'ai fait par la suite...

Je n'ai rien fait quand ils ont pris Stiles pour en faire un hôte, le regard que ce dernier m'a lancé m'a suffi pour comprendre qu'en agissant ainsi, je l'avais complètement perdu. Sincèrement, j'espérais qu'il était né avec la même incompatibilité que moi, mais il ne faut pas trop rêver avec Mère Nature... Depuis, je vis avec des chats, une biche, et un fils qui n'en est pas un Impérial. Je travaille pour les Impériaux en gardant la tête assez basse, enfin... Il ne faut pas trop m'en demander non plus! Mais en secret, je continue à aider les Symbiontes, après tout ce que j'ai sacrifié, je ne peux plus reculer, surtout pas maintenant que j'ai un enfant à retrouver.

Pseudonyme : Blue ou Kyra^^
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